Une réduction de 15 % des heures travaillées chez ABI à Bécancour
C’est l’équivalent de 150 mises-à-pied
La direction d’Alcoa Canada a annoncé hier à 3 heures de l’après-midi qu’elle exigeait une entente d’ici la fin du mois de mars pour réduire de 15 % les heures travaillées à l’usine ABI à Bécancour.
« Cette mesure est non seulement irréaliste mais elle tranche singulièrement avec les efforts et le climat de coopération que nous avions réussi à établir et les objectifs de réduction des heures travaillées que nous avions atteints conjointement. Nous sommes abasourdis de voir tant de mauvaise foi », a déclaré Clément Masse, président de la section locale 9700 du Syndicat des Métallos (FTQ).
« Au cours des dernières années, depuis le conflit de 2004, un travail exceptionnel a été fait pour améliorer non seulement le climat des relations de travail mais aussi la performance globale de l’entreprise. Par exemple, le Syndicat des Métallos (FTQ) a accepté de collaborer pour améliorer la productivité grâce à des réorganisations du travail afin d’atteindre l’objectif de diminution des heures travaillées. Nous avions deux ans pour y arriver tout en respectant la convention collective et la sécurité d’emplois de travailleurs. Nous avons réussi. Cela représentait l’équivalent de 100 emplois. Aujourd’hui, Alcoa nous demande d’atteindre un objectif qui équivaut à l’élimination de 150 emplois en l’espace de trois semaines. Alcoa demande aux travailleurs d’accomplir l’impossible et elle le sait. Est-ce que c’est pour leur en faire porter l’odieux ? Nous sommes en droit de nous poser la question », a poursuivi le leader syndical.
Une des meilleures alumineries au monde
« L’aluminerie à Bécancour est considérée comme l’une des meilleures alumineries au monde du groupe Alcoa en ce qui a trait à la productivité et au contrôle des coûts. Dans le secteur du carbone, l’aluminerie a atteint un niveau de fiabilité jamais égalé. La performance en santé-sécurité est exceptionnelle. La compagnie a reconnu publiquement que la main d’œuvre est compétente. Un récent sondage interne d’Alcoa a confirmé l’engagement des travailleurs depuis le conflit de 2004. La compagnie veut détruire sournoisement tout ce qui a pris des années à construire non seulement au niveau des relations de travail mais aussi de la rentabilité et de la productivité de l’entreprise. Cela brise le moral des travailleurs et augmente leur sentiment d’insécurité », a expliqué le dirigeant syndical.
Jean Charest doit révéler le contenu des ententes de plancher d’emploi
« En 2008, Alcoa a obtenu un contrat avantageux d’énergie en échange d’investissements. Le gouvernement s’était vanté d’y avoir inclus des planchers d’emploi. Nous exigeons que le premier ministre Jean Charest et son ministre du développement économique Raymond Bachand révèlent le contenu des ententes de plancher d’emploi qu’ils ont négociées et qu’ils nous disent s’il y a des ententes secrètes, comme nous l’avons vu avec Rio Tinto Alcan. Il ne faut pas oublier qu’ABI continuera de consommer autant sinon plus d’énergie que l’an passé alors qu’elle bénéficiera de tarifs encore plus avantageux suite à la baisse du prix de l’aluminium », a noté Clément Masse.
En concluant, le dirigeant local a expliqué que les travailleurs sont conscients que la crise économique frappe le secteur de l’aluminium. « Nous allons poursuivre, dit-il, des discussions avec l’employeur comme nous l’avons fait dans le passé afin de réduire les coûts de production. Par contre, nous devrons aller en assemblée générale pour consulter nos membres. Nos conventions collectives arrivent bientôt à échéance et nous voulons connaître l’ensemble du portrait. Nous sommes prêts à négocier et nous analyserons avec nos membres l’ensemble des conditions du marché ».
L’aluminerie ABI, située à Bécancour, produit de l’aluminium depuis 1986. Elle emploie actuellement environ 1000 travailleurs et travailleuses.