44e assemblée annuelle du Syndicat des Métallos (FTQ)
Comprendre pour agir
Trois-Rivières, 19 novembre 2008. Daniel Roy, le directeur québécois du Syndicat des Métallos (FTQ) s’adresse actuellement aux 500 délégués et invités à la 44e assemblée annuelle qui se tient à Trois-Rivières.
Conformément aux besoins exprimés par les délégués l’an dernier, le directeur a approfondi la question de l’action politique en se servant d’exemples concrets qui viennent de l’histoire du Québec, de la crise financière et de l’actualité politique.
Il a livré ses conclusions : « Des partis politiques au Québec, dit-il, adhèrent à la pensée néolibérale. La privatisation de la santé, la mise sur pied de partenariats public-privé, le détournement du mandat économique de la Caisse de dépôt et placement, les baisses d’impôts et le laxisme dans la défense de la langue française en sont des exemples. La résistance du mouvement syndical et des autres forces vives de la société civile a permis de stopper certaines mesures comme celle de la privatisation du Mont Orford. Mais la volonté politique d’instaurer ce programme est toujours là. Nous n’avons pas le choix. Il faut plonger ». « La victoire du Bloc québécois lors des élections fédérales est un bel exemple de ce que nous pouvons faire lorsque nous nous mobilisons. Nous ne pouvions accepter l’élection d’un gouvernement conservateur majoritaire partisan des coupures particulièrement dans la culture, de la répression des jeunes contrevenants, des dilapidations des surplus financiers vers les plus nantis et d’autres mesures centrées sur les valeurs de l’individualisme, du laisser-faire économique et du militarisme », a affirmé Daniel Roy.
La droite ne se laissera pas faire
« L’argent coule à flot pour corriger la faillite de la nouvelle religion économique, constate Daniel Roy. Ce sont des décisions éminemment politiques qui président à ce sauvetage. Pour s’assurer que ce ne soit pas un feu de paille et que les élites politiques et économiques retournent au « business as usual », une fois la crise passée, il faut faire de l’action politique. Une soixantaine de banquiers avaient liquidé des actions de leur banque pour une valeur globale de 55 millions de dollars avant la débâcle à la bourse au mois de septembre. Malgré une réglementation plus sévère ici qu’aux Etats-Unis, les cinq grandes banques canadiennes ont littéralement volé, au gouvernement canadien et à ceux des provinces, 16 milliards de dollars d’impôts pour les déposer dans des paradis fiscaux. Nous ne pouvons laisser des décisions qui touchent des millions d’individus se prendre derrière les portes closes du privé. L’enjeu, c’est la démocratie. L’État est un des outils que nous possédons. Nous devons le renforcer et nous mobiliser pour stopper la destruction de nos outils collectifs de développement économique et de nos services publics au Québec. Au Fédéral, où étaient nos élus devant l’évasion fiscale des banques canadiennes ? N’ont-ils pas signé des traités fiscaux en bonne et due forme avec ces pays qui servent de paradis fiscaux ».
L’exemple de la santé
L’exemple du secteur public de santé a été longuement abordé car il symbolise bien les dangers auxquels font face le mouvement ouvrier et la population. « Les politiciens de droite, certains médecins et les compagnies d’assurances salivent à l’idée de faire fortune dans la santé, explique le directeur québécois. Il y a à peine 40 ans, les conditions qui prévalaient au Québec avant l’instauration de la Loi sur l’assurance-maladie, faisaient en sorte que se faire soigner, tomber malade ou être hospitalisé signifiait souvent la ruine, la faillite et pis encore la mort. Un de nos membres à Mont-Joli dans le Bas St-Laurent nous a expliqué que son père a payé pendant 37 ans des dettes accumulées à la suite d’une jaunisse. Nos négociations sont déjà marquées par une forte pression des employeurs à refiler la hausse des coûts de nos régimes d’assurances collectives. Donner plus de soins et de services de santé aux assurances privées, ce n’est pas seulement en enlever au système public, c’est courir tout droit vers une augmentation majeure des primes, une réduction des couvertures, à des négociations difficiles des régimes d’assurances collectives et ultimement, à une multiplication des conflits de travail ». La réflexion amorcée par le directeur sera complétée par celles d’Alain Noël, politicologue à l’Université de Montréal et Bernard Élie, économiste à l’Université du Québec à Montréal. Par la suite, il y aura la projection d’un film inédit de René Lévesque Le vrai syndicalisme, pourquoi? tourné le 18 juin 1965. Nous le voyons alors qu’il est ministre des richesses naturelles, s’adresser à des syndicalistes durant un cours de formation syndicale. Il est demeuré totalement inconnu du public. Il sera montré en exclusivité jeudi matin le 20 novembre 2008. Une conférence de presse sera donnée conjointement avec la Cinémathèque québécoise à midi. Le Syndicat des Métallos (FTQ) en fera don officiellement à cette grande institution publique québécoise. Soulignons qu’un groupe de travail sur l’action politique mis sur pied l’an passé va remettre un rapport qui propose notamment la mise sur pied d’un réseau spécifiquement voué à l’action politique. Le Syndicat des Métallos (FTQ), le plus important syndicat du secteur privé au Québec, représente 60 000 membres au Québec. (30) Pour informations : Daniel Roy, Syndicat des Métallos (FTQ), (819) 375-0461 André Laplante, Service d’information du Syndicat des Métallos (FTQ), (514) 258-4798