Santé et sécurité du travail - Indemnisation
Difficile reconnaissance d’un cancer professionnel chez ArcelorMittal
Le 5 décembre 2017, la vie de Dario Mignault a basculé. Conducteur-électromécanicien d’une meuleuse de rail chez ArcelorMittal (SL 6869), il a appris au détour d’un test de routine qu’il était atteint d’un type rare de cancer, un lymphome lymphoplasmocytaire de type Waldenström.
Rare, mais pas tant que ça chez les pompier.ère.s. Or, M. Mignault a dû éteindre toutes sortes de feux dans le cadre de son travail. Curieusement, son collègue Claude qui venait de prendre sa retraite était lui aussi atteint d’un cancer, un lymphome non hodgkinien. « Ça ne pouvait pas être un hasard qu’on soit tous les deux malades », a tout de suite pensé Dario Mignault.
Peu après, son hématologue lui confirme que cette maladie est fréquente chez les pompier.ère.s exposé.e.s aux fumées. Ce type de cancer est d’ailleurs reconnu comme une maladie professionnelle de façon systématique chez les pompier.ère.s des municipalités, depuis la dernière réforme de la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles.
Or, en première instance ainsi qu’en révision administrative, la CNESST refuse de reconnaître la maladie professionnelle de M. Mignault.
C’est ainsi que le travailleur, avec l’aide de son syndicat, se retrouve au Tribunal administratif du travail (TAT) pour que sa maladie professionnelle soit reconnue. Il explique en long et en large ses tâches lors des audiences devant la juge administrative.
« Durant notre parcours d’apprentissage pour faire ce travail, il fallait réussir une formation de pompier.ère. J’ai fait des travaux comme si j’étais pompier », explique-t-il. Ce dernier ne bénéficiait cependant pas de la même protection respiratoire que ses collègues pompier. ère.s en caserne. « On fait des travaux similaires; pourquoi n’avons-nous pas la même protection? », s’interroge celui qui est passé d’un pronostic de 12 à 24 mois à une condition aujourd’hui stable, mais incurable. Père d’une jeune fille au début du secondaire, il espère vivre assez longtemps pour l’accompagner au moins jusqu’à sa majorité.
La maladie a été reconnue comme étant reliée au travail par la juge au TAT, mais l’entreprise a demandé la révision ou la révocation de cette décision, et une autre audience est prévue en novembre prochain. L’homme de
56 ans, dont la vie est rythmée par les traitements médicaux, est « déçu, mais pas surpris » de la contestation de la multinationale. Il craint toutefois que cela retarde encore plus les mesures correctives pour protéger ceux et celles qui font le même métier aujourd’hui.
Dès le début, Dario Mignault s’est promis de se battre jusqu’au bout et a fait promettre aux personnes du syndicat qui l’accompagnaient dans ce dossier de faire de même, s’il venait à mourir. Il ne tarit pas d’éloges pour l’équipe qui l’entoure, l’exécutif syndical local, le représentant syndical, et la responsable de la santé et sécurité qui plaide maintenant son dossier, Me Julie Hébert. « C’est intimidant quand on entre pour la première fois dans une salle pour témoigner. Avoir une gang en arrière, ça aide beaucoup. »
* Cet article est tiré du dernier numéro du magazine Le Métallo disponible en ligne***