Feux de forêt : de nombreux métallos touchés

Publié : 09/06/2023

Feux de forêt : de nombreux métallos touchés

 

À Lebel-sur-Quévillon dans le Nord-du-Québec, en Abitibi, à Chibougamau et Chapais ou sur la Côte-Nord, les métallos sont nombreux à être touchés par les feux de forêt.

C’est ce qui a incité le Fonds humanitaire des Métallos à débloquer un montant de 35 000 pour venir en aide aux communautés affectées, par l’intermédiaire de la Croix-Rouge. « C’est important de soutenir les communautés locales, et les sinistrés. Nous répondons présents », souligne le directeur québécois du Syndicat des Métallos, Dominic Lemieux.

Les feux ont affecté les travailleurs et travailleuses métallos de plusieurs manières… Comment se protéger de la fumée ambiante ? Combien de temps durera l’évacuation ? Peut-on avoir accès à l’assurance-emploi ou à une indemnité ? Est-ce qu’on arrivera à éviter que l’usine soit brûlée ? La période suscite nombre de questions.

Fumée en Abitibi

À Val-d’Or, les métallos affectés à la collecte du recyclage et des ordures ont fait appel à leur syndicat pour s’assurer de conditions sécuritaires. « On a travaillé avec  les représentants de l’employeur pour fournir des masques N-95 et adapter les horaires de travail en fonction du niveau de fumée dans l’air », explique la présidente de la section locale composée 4796 à Val D’Or, Sylvie Roy.

Les travailleurs du laboratoire d’analyse de carottes minières ALS à Lebel-sur-Quévillon ont quant à eux été évacués au cours des derniers jours. « Dans leur cas, on les a guidés pour qu’ils puissent faire des demandes d’assurance-emploi. On a expliqué qu’ils n’avaient pas nécessairement à prendre des journées de vacances », poursuit Sylvie Roy, qui représente également ces travailleurs.

 

Évacuation à Chibougamau et Chapais

À Chibougamau et Chapais, les activités des usines de Chantiers Chibougamau et de Barrette-Chapais sont arrêtées. Les citoyen.ne.s de Chibougamau ont été évacué.e.s mardi soir, alors que ceux de Chapais sont sur un pied d’alerte.

« Ça m’a pris 8 heures dans la nuit de mardi à mercredi pour me rendre chez des amis à Jonquière », confie le président de la section locale 8644 chez Chantiers Chibougamau, David Morin. Une vingtaine des 350 syndiqués sont restés pour protéger l’usine, déplacer l’inventaire de bois vers le centre de la cour ou aider les équipes de la SOPFEU, avec la machinerie forestière à construire des lignes coupe-feu. « Mais le message des autorités pour ceux qui restent est très clair : si l’ordre d’évacuation complet est lancé, ils doivent partir en 5 minutes, pas deux heures »

Pour l’instant, ce dernier ne s’inquiète pas trop pour l’usine, le pire semble passer. Néanmoins, on ne parle pas de reprise des activités avant la semaine prochaine. Pour les deux premières semaines, les paies ne sont pas touchées, mais après cela, plusieurs se demandent s’ils auront accès à une indemnité.

À l’usine de Barrette-Chapais, où travaillent 330 métallos, les nuits et journées de mardi et mercredi ont été stressantes. « On a contacté l’employeur pour voir si les syndiqués pouvaient mettre l’épaule à la roue pour protéger l’usine. C’est nos jobs qui étaient en péril. Mais le vent a viré de bord et la SOPFEU a fait un travail extraordinaire », raconte le président de la section locale 8895, Kevin Ross.

Environ le tiers de ses membres ont quitté la région à la suite de l’évacuation. Il attend encore des réponses quant aux indemnités disponibles. « On peut dire que ça a été une année enflammée à l’usine », ironise Kevin Ross en rappelant qu’un incendie avait frappé l’usine le 23 décembre dernier et qu’un autre accident était survenu en février.

 

Des craintes pour l’avenir du bois

Les deux présidents des sections locales de Chibougamau et Chapais s’interrogent sur ce qu’il adviendra des hectares brûlés. Il faut dire que lorsque du bois brûle, une partie peut être utilisée si elle est récoltée rapidement, avant que le longicorne ne vienne gâter la récolte. En date de vendredi, la SOPFEU estimait que 716 876 hectares avaient été brûlés. « Pour donner un ordre de grandeur, Barrette-Chapais traite le bois de 8000 hectares par année. Ce serait décevant de laisser ce bois pourrir et d’aller couper ailleurs du bois vert pas brûlé », explique Kevin Ross, en espérant que le gouvernement permettra rapidement aux compagnies forestières d’exploiter les territoires brûlés pour éviter que ce bois soit gaspillé.

Son confrère de Chantiers Chibougamau partage cette inquiétude. Il s’inquiète aussi à plus long terme de l’effet des changements climatiques sur l’approvisionnement en bois. « On parle de feux exceptionnels cette année, mais on sait que l’exceptionnel va devenir le normal », poursuit-il en mentionnant aussi la protection du caribou forestier. « Ceux qui vont être les plus proactifs et innovants qui vont s’en sortir », laisse-t-il tomber.

 

Et sur la Côte-Nord

La Côte-Nord a été touchée plus rapidement par des ordres d’évacuation, à Sept-Îles, Uashat et Maliotenam, dès le 2 juin. Les ordres d’évacuation ont été levés dans le courant e cette semaine, après la pluie. Là aussi, plusieurs métallos ont été évacués, dont le nouveau coordonnateur des métallos de la Côte-Nord, Stéphane Néron, qui a eu le droit de revenir seulement au moment où se tenait la rencontre régionale des Métallos à Matane cette semaine.