Glencore et Xstrata incarnent la " malédiction des ressources " : les syndicats s'opposent à leur fusion

Publié : 29/06/2012

TORONTO, le 28 juin 2012 - Les syndicats représentant les travailleurs syndiqués de Xstrata et de Glencore partout dans le monde sont opposés à la proposition de fusion des deux sociétés, ainsi qu'aux primes de maintien en fonction outrancières payées aux dirigeants de Xstrata.

« Les organismes de réglementation doivent considérer la possibilité de fractionner ces entreprises plutôt que de permettre une plus grande concentration et davantage d'abus de pouvoir », a déclaré Ken Neumann, directeur national du Syndicat des Métallos pour le Canada.Le Syndicat des Métallos est l'un des nombreux syndicats affiliés à la fédération syndicale mondiale IndustriALL, qui compte 50 millions de membres et qui s'oppose à la fusion de Xstrata et de Glencore. Les membres d'IndustriALL soutiennent que Xstrata et Glencore constituent des exemples majeurs de la « malédiction des ressources » qui fait en sorte que l'exploitation des ressources naturelles par les grandes entreprises mène à une détérioration de la qualité de vie des gens dont on exploite les terres. « Les syndicats ont souvent vécu des relations très difficiles avec ces deux sociétés et leur projet de fusion ne peut qu'amplifier ces problèmes, puisque l'entité qui en résulterait grossirait les rangs des mégasociétés qui dominent le secteur des ressources à l'échelle mondiale », a déclaré M. Neumann. Ces sociétés sont de plus en plus éloignées des opérations dont elles sont propriétaires et qu'elles gèrent. Elles s'éloignent aussi des communautés touchées par leurs activités. Cela est d'autant plus flagrant dans le cas de Glencore, en raison de sa longue histoire sous le sceau du secret et de l'absence de transparence, à titre d'entreprise privée basée en Suisse, estime IndustriALL. - Les problèmes vécus par les syndicats auprès de Xstrata sont bien documentés. - La société n'a pas respecté ses engagements en matière d'embauches au Canada après la prise de contrôle de la société minière canadienne Falconbridge. - En Australie, on recense une plainte non résolue dans le cadre des Principes directeurs de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour les entreprises multinationales, en raison des efforts déployés par la société pour faire dérailler les négociations de convention collective et pour réduire la qualité des conditions de travail dans le cadre de ses activités. La société a refusé de participer aux procédures de médiation prévues par les Principes directeurs. Elle contrevient encore ainsi aux Principes directeurs à ce jour. - En Afrique du Sud, les démarches de Xstrata pour parvenir à une fusion avec Anglo American ont été dénoncées par le syndicat national des mineurs (National Union of Mineworkers) en raison du piètre bilan de la société au chapitre des relations de travail. - La plainte du syndicat australien en vertu des Principes directeurs de l'OCDE couvre aussi un sujet de préoccupation majeur pour les actionnaires : les accords de commercialisation anticoncurrentiels que la société a conclus avec Glencore et qui ont permis à cette société, qui est aussi le plus grand actionnaire de Xstrata, d'obtenir des avantages sans commune mesure avec ceux consentis aux autres actionnaires. - Les syndicats soulignent également que Xstrata fait l'objet d'une autre plainte en vertu des Principes directeurs de l'OCDE en Argentine. En ce qui concerne Glencore, les syndicats partagent des préoccupations à la fois graves et répandues au sujet de la conduite de la société dans plusieurs pays en développement où la mauvaise gouvernance semble lui donner des occasions de conclure des transactions douteuses. Entre autres exemples récents, on pointe vers les résultats d'une enquête menée par l'organisme international Global Witness au sujet d'achats d'actifs miniers en République démocratique du Congo (RDC). En outre, une enquête de la BBC au sujet des activités de Glencore en RDC a permis de recueillir des preuves d'exploitation d'une main-d'œuvre enfantine et de pollution extrême de l'eau. Une récente recherche publiée dans la revue Foreign Policy montre que le modèle d'affaires de base de Glencore repose sur des activités dans des zones où la gouvernance est faible et où l'examen du public est souvent impossible, le tout dans une absence fréquente de transparence. Les pays dans lesquels Glencore a été accusée de mauvaise conduite sont la Colombie, la Guinée équatoriale, la Côte-d'Ivoire et la Zambie, en plus de la RDC, selon la recherche. Le réseau mondial d'organismes de la société civile Publish What You Pay accuse pour sa part Glencore d'« ingénierie financière outrancière » pour réduire ses paiements d'impôts bien en dessous du niveau qu'elle devrait payer. Publish What You Pay affirme que le taux d'imposition réel de Glencore se limite à 9,3 pour cent, en grande partie grâce au fait que plusieurs de ses filiales sont situées dans des « pays du secret ». La gouvernance d'entreprise de Xstrata a été régulièrement contestée pour les problèmes qu'elle soulève depuis de nombreuses années. Elle a fait l'objet de nombreux votes de protestation massive contre la rémunération excessive versée par la société à ses hauts dirigeants. On soulève aussi le problème de l'absence d'une présidence indépendance, car le président de Glencore, Willy Strothotte, a également été président de Xstrata pendant de nombreuses années. Les deux sociétés n'ont que récemment réglé ce problème, lorsque Glencore est devenue une société ouverte; sir John Bond est alors devenu président indépendant. Il aura fallu attendre jusqu'en mai 2011. Dans la foulée du projet actuel de fusion entre Glencore et Xstrata, les hauts dirigeants de Xstrata se partageraient 240 millions de livres (environ 384 millions de dollars canadiens) à titre de « primes de maintien en fonction »; à lui seul, le directeur général Mick Davis recevrait 29 millions de livres (46 millions de dollars canadiens). Tout cela sans objectifs de rendement, simplement pour qu'ils continuent d'occuper les emplois pour lesquels ils sont déjà extrêmement bien payés. Ceux qui produisent réellement la richesse de Xstrata et de Glencore, soit les travailleurs qui peinent dans des régions éloignées, des environnements difficiles et de profondes mines souterraines, ne recevront rien, tandis que leurs patrons ont l'intention d'accumuler des richesses au-delà de leurs rêves les plus fous. Les syndicats félicitent ceux qui, parmi les actionnaires de Xstrata, ont publiquement critiqué les primes de maintien en fonction nettement injustifiables qu'on s'apprête à verser aux hauts dirigeants de Xstrata. Les syndicats affirment que Xstrata et Glencore sont déjà trop puissantes dans le marché mondial de l'exploitation des ressources, surtout si l'on tient compte de leurs mauvais bilans. En outre, la concentration de pouvoirs entre les mains de gens déjà connus pour leur propension à exploiter les travailleurs et à intimider les gouvernements ne peut que conduire à de nouveaux abus. Les organismes chargés de maintenir la concurrence et de réglementer les entreprises devraient envisager de faire le contraire de ce que Glencore et Xstrata proposent; ils devraient fractionner ces entreprises en unités plus petites pour réduire leur capacité à manipuler et à bafouer les marchés, les gouvernements et les travailleurs. Les syndicats qui sont opposés au projet de fusion et qui représentent les travailleurs de Xstrata incluent le Construction, Forestry, Mining and Energy Union (CFMEU) en Australie, le Syndicat des Métallos au Canada et le National Union of Mineworkers (NUM) en Afrique du Sud. Renseignements: Ken Neumann, directeur national pour le Canada, Syndicat des Métallos, 416-544-5990 Joe Drexler, Campagnes stratégiques, Syndicat des Métallos, 416-434-907, jdrexler@usw.ca
 Bob Gallagher, Communications, Syndicat des Métallos, 416-544-5966, bgallagher@usw.ca