LETTRE OUVERTE

Le détournement du programme des travailleurs étrangers temporaires doit cesser!

Publié : 24/01/2024

Le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) a été détourné de son objectif premier de pallier des pénuries de main-d’œuvre temporaires au Québec. Il est temps de revenir à l’essence du programme.

Le « Projet pilote du Québec », avec son « traitement simplifié » convenu entre les deux paliers de gouvernement, permet un recours débridé à des travailleurs étrangers temporaires à statut précaire. Celui-ci dispense les employeurs de démontrer leurs efforts de recrutement local préalable, ce qui était un garde-fou essentiel du programme. Il permet aussi de contourner la limite de travailleurs étrangers temporaires dans un même milieu de travail, qui est normalement de 20 %. Le projet pilote du Québec et son traitement simplifié mettent la hache dans les garde-fous qui rendaient le PTET acceptable.

Alors que les deux paliers de gouvernement s'interrogent sur le nombre d’immigrants temporaires, tantôt en insistant sur les demandeurs d’asile tantôt sur les étudiants, ils se gardent bien d’expliquer comment ils ont enlevé les garde-fous régulant le PTET, dont le nombre d’admissions a été multiplié par 8 au Québec entre 2017 et 2023, pour s’établir à 59 000 en juin 2023.

Qu’on ne s’y trompe pas, notre syndicat reconnaît l’utilité du PTET pour plusieurs entreprises en région qui ne trouvent pas le personnel nécessaire pour fonctionner. Mais ça ne saurait être un modèle d’affaires permanent qui consacre l’existence de deux classes de travailleurs. Si la pénurie persiste, le Québec doit absolument recruter en priorité ces travailleurs et travailleuses comme résidents permanents. Il faut rapidement mettre fin à la précarité causée par le statut d’immigrant temporaire, soumis au bon vouloir du boss pour le renouvellement de leur permis de travail et condamné à vivre loin de sa famille. Nous avons besoin d’eux, ils doivent pouvoir s’établir convenablement.

 

Le mécanisme de détournement

Pour une majorité de professions admissibles au « traitement simplifié » (309 sur un total de près de 600), les entreprises peuvent soumettre une demande « sans devoir fournir de preuve d’effort de recrutement », comme le spécifie la description du projet pilote. Elles sont aussi « exemptées de l’exigence relative à la limite pour les bas salaires dans un lieu de travail spécifique », qui est normalement de 20 % de la main-d’œuvre (et 30 % pour certains secteurs), à l’exception des emplois saisonniers.

Avec le ralentissement économique et les mises à pied qui commencent, ce détournement est un problème.

 

Revenir à la base

Il faut revenir à la base même du PTET : remédier à des pénuries de main-d’œuvre temporaires.

Si les besoins de main-d’œuvre sont permanents, alors les travailleurs étrangers temporaires devraient pouvoir devenir rapidement des résidents permanents, puis des citoyens. C’est ce que souhaitent la plupart de nos membres travailleurs étrangers temporaires.

Il faut réparer les brèches dans le PTET et aménager de vraies voies vers l’immigration permanente pour les travailleurs nécessaires au bon fonctionnement de nos milieux de travail.

 

Dominic Lemieux
Directeur québécois du Syndicat des Métallos