Conflit à l’usine Rio Tinto Alcan d’Alma

Les lockoutés se font entendre

Publié : 08/05/2012

Manifestations d’appuis, marche, pétition, campagne internationale, présence à Tout le monde en parle… Les dernières semaines ont été très mouvementées pour les travailleurs de l’usine de Rio Tinto Alcan à Alma, mis en lockout illégal par leur employeur depuis plus de quatre mois. Dans un Québec où tout bouge, cette lutte économique fait écho.

Dans une communauté de 30 000 âmes, 8 000 personnes qui manifestent, ça ne passe pas inaperçu. C’est exactement ce qui s’est passé à Alma, le 30 mars dernier, alors qu’une grande marche de solidarité a eu lieu dans cette ville pour souligner alors les trois mois du lockout. Pour l’occasion, des syndiqués de partout au Québec, du Canada et d’une dizaine de pays où Rio Tinto Alcan (RTA) a des usines s’y sont rassemblés (voir photos).

Cette marche a été suivie, le 16 avril dernier, par le lancement d’une campagne internationale demandant au Comité International Olympique (CIO) d'exclure le géant minier Rio Tinto de la liste des fournisseurs officiels des prochains Jeux olympiques de Londres. En effet, les métaux utilisés dans la fabrication des médailles olympiques proviennent de Rio Tinto. Cette demande a été appuyée par de grandes centrales syndicales de par le monde, dont trois des plus importants syndicats d’Australie.Du 1er au 3 mai, une vingtaine de travailleurs lockoutés par RTA ont traversé la Réserve faunique des Laurentides à pied (212 km). Ils ont terminé leur marche, baptisée pour l’occasion La Marche de l’énergie, le 3 mai devant l’Assemblée nationale du Québec, où les attendaient plusieurs centaines de leurs collègues lockoutés ainsi que des travailleurs de toutes les installations de Rio Tinto au Québec. Les marcheurs ont remis alors une pétition signée par près de 12 000 personnes au député de Lac-Saint-Jean, Alexandre Cloutier, qui s’est empressé de «déposer» cette pétition à l’Assemblée nationale au cours de la séance parlementaire qui suivait. Ces différentes initiatives ont permis une percée médiatique d’importance. En effet, le président de la section locale 9490 (Alma) du Syndicat des Métallos, Marc Maltais, a été l’un des invités de la très populaire émission de télévision Tout le monde en parle. « On veut éviter que des emplois bien rémunérés soient transformés en cheap labor », a-t-il dit avant d’ajouter que « le gouvernement est en train de réveiller un monstre », en faisant référence à la mobilisation citoyenne que font naître les neuf lockouts qu’il y a présentement au Québec contre seulement deux grèves. Rappelons que ces travailleurs luttent pour des emplois de qualité dans leur région, pour aujourd’hui et pour demain. Le conflit ne porte pas sur les conditions salariales, mais sur le recours à la sous-traitance au fil des départs à la retraite. RTA continue à exploiter ses barrages et à vendre à Hydro-Québec l’énergie résiduaire supplémentaire qu’occasionne ce lockout illégal, ce qui lui rapporte des revenus bruts mensuels pour l’entreprise de 14,5 M$. Dans une entente secrète entre Québec et RTA récemment publiée par Le Devoir, on peut apprendre que le gouvernement a accordé à l’entreprise un prêt sans intérêt de 400 M$ sur 30 ans. Enfin, le Syndicat des Métallos a officiellement déposé, en avril, une plainte au comité organisateur des JO de Londres, concernant les médailles olympiques. Le CIO se réunira du 23 au 25 mai, à Québec. Les syndiqués promettent d’être présents et de se faire entendre.