Rencontre avec Manon Castonguay, une présidente en grève

Une leader dans le feu de l’action

Publié : 08/03/2017

Première femme présidente de la section locale 6486 chez CEZinc à Salaberry-de-Valleyfield, Manon Castonguay mène une des plus grandes batailles de sa vie, avec les 370 membres de son syndicat, dont 18 femmes. En grève depuis le 12 février dernier, son groupe tente de préserver un bon régime de retraite, dans ce milieu de travail où les conditions de travail sont pénibles, avec la chaleur et les nombreux contaminants.

Avec le coeur

Première femme embauchée à la CEZinc en 1997, Manon Castonguay est opératrice de lingotière au département du moulage. Mais ces jours-ci, toutes ses énergies vont au conflit de travail. La détermination se lit sur les traits de son visage, s’entend dans le ton de sa voix et se manifeste dans chacun de ses gestes. Elle se bat « avec le cœur » pour aller chercher le meilleur pour ses membres.

Au détour d’une visite sur la ligne de piquetage, on la voit discuter chaleureusement avec chacun des piqueteurs. « Je prétends connaître tous les membres par leur nom. Je traite les gens de façon humaine, comme j’aimerais être traitée. Pour notre employeur, nous sommes des numéros, mais pas pour le syndicat. C’est ma priorité », explique celle qui dirige son syndicat depuis 2012.

Manon Castonguay exprime son leadership de façon humaine et « maternelle ». «Les membres, c’est comme mes enfants. Et l’employeur veut toucher à mes enfants. Il trouve qu’ils ne sont pas assez bons, qu’ils ne méritent pas grand-chose. Ça ne passe pas! Mes membres, ce sont les meilleurs et je veux le meilleur pour eux. Les travailleurs que je représente sont beaucoup plus intelligents que ce que notre employeur pense d’eux », ajoute la présidente de la section locale syndiquée avec les Métallos depuis 53 ans.

À l’écoute

Questionnée sur les qualités d’une bonne leader, elle répond sans hésitation : « l’écoute, c’est ce qu’il y a de plus important. Tu ne pourras pas faire ce que tes membres attendent de toi si tu ne les écoute pas.» L’intégrité et l’honnêteté complètent le trio des qualités essentielles d’un bon leader. « Il faut être là pour les bonnes raison, pour aider notre monde, les membres », ajoute la militante à la voix déterminée et au sourire radieux.

Son message du 8 mars?

« Je souhaite à tous et toutes de ne jamais lâcher les batailles, en tant qu’individus, en tant que femmes. On mérite le meilleur et il faut être solidaires pour l’obtenir. Il faut avoir confiance les uns envers les autres, entre confrères et consoeurs.»

La syndicaliste est très consciente de ce que vivent bon nombre de femmes au travail précaires, confinées à des emplois à temps partiel, peu rémunérés, avec des horaires atypiques. «Je souhaite de meilleures conditions de travail pour toutes les femmes, pour mieux faire vivre leur famille, alors que plusieurs sont monoparentales et ont de la misère à joindre les deux bouts. »

Souhaitons-lui un bon règlement au terme de cette grève, pour elle, et pour tous les membres de la CEZinc.