Santé et sécurité du travail - Représentant.e.s et comités SST
Mission : représentant à la santé et sécurité du travail
Électricien de métier, Cédric Joly travaille chez Rio Tinto depuis 16 ans. Voilà maintenant 8 ans qu’il est représentant à la prévention à temps plein à l’usine des Poudres métalliques, où on fabrique des produits variés utilisés notamment dans des pièces automobiles, de l’engrais, des céréales ou encore dans l’impression 3D. Élu comme RSS, il siège aussi à l’exécutif de la section locale 7493 à titre de trésorier, une tâche qu’il effectue surtout le soir.
Au fil des ans, les progrès pour rendre le travail plus sécuritaire se sont faits nombreux : mise aux normes des ponts roulants, amélioration de la sécurité à l’entrepôt (racking), amélioration des vêtements de protection ainsi que des masques et des respirateurs.
« Je me sens beaucoup plus utile à faire ça qu’à réparer des machines. Ça m’a fait découvrir de belles valeurs, améliorer ma capacité à me mettre dans la peau des autres. Il y a parfois des gens complètement démunis qui entrent dans mon bureau pour que je les aide », illustre le métallo, qui soutient également les travailleur.euse.s dans leurs réclamations à la CNESST.
Au fil du temps, il a adopté une approche plus stratégique pour amener la multinationale à travailler davantage avec le syndicat. « Au début on parlait fort, on chialait tout le temps. Notre approche a évolué. On a probablement bien fait d’agir ainsi au départ, on s’est fait respecter. Maintenant, quand ça touche une corde sensible, on monte le ton un peu et la partie patronale nous prend tout de suite au sérieux », illustre Cédric Joly.
Il avoue consacrer du temps à argumenter les points de vue et à fournir de la documentation et des articles pour convaincre l’employeur. « Il faut qu’on travaille avec l’entreprise; c’est elle qui a l’argent au bout du compte pour changer les choses. »
Incursion dans un comité de santé et sécurité
Le Métallo a pu assiser avec le représentant à la santé et sécurité Cédric Joly à une rencontre du CSS. La réunion s’amorce avec un retour sur les derniers jours. « Il n’y a pas eu d’accident, mais un quasi [où il n’y a pas eu de blessé.e, mais c’est passé proche] », déclare en commençant un surintendant. Une collision a eu lieu entre deux chariots élévateurs. S’ensuivent des discussions sur la pertinence de mesures correctives.
Le comité s’attelle ensuite à jeter un œil au tableur où se trouvent tous les risques recensés par année, les correctifs proposés, une évaluation des coûts impliqués ainsi qu’un calendrier de réalisation.
Une grande fermeture est prévue sous peu pour mettre à niveau les installations. « Pour ce qui est de la capacité du pont roulant, elle sera augmentée lors de la fermeture », précise Isabelle Caron. L’installation d’un nouveau pont roulant est l’aboutissement d’une plainte formelle du syndicat.
Un peu plus tard dans la rencontre, le représentant syndical à la santé et sécurité, Cédric Joly, expose un problème vécu au laboratoire. « On va aller voir ça ensemble pour bien évaluer le risque, avec [le délégué syndical] Yan Bienvenue et le superviseur », conclut la conseillère en santé et sécurité de l’employeur, Isabelle Caron.
Cette dernière travaille étroitement avec son vis-à-vis syndical, Cédric Joly. Chaque semaine, les deux se réunissent une demi-heure avec un.e surintendant.e pour passer en revue le registre des accidents et décider des enquêtes à réaliser. « Je prends tout le temps contact avec le ou la travailleur.euse pour savoir ce qu’il s’est passé, s’il ou elle ne m’a pas déjà appelé », précise Cédric Joly.
Quelques exemples concrets
Une machine sur mesure
La collaboration syndicale-patronale en santé et sécurité mène souvent à des innovations qui rendent le travail plus sécuritaire. À l’usine de Rio Tinto Fer et Titane, les travailleur.euse.s ont mis en lumière un problème avec l’extraction des tubes du brûleur. « Un travailleur devait monter sur un chariot élévateur, qui était lui-même mis sur une autre machine pour atteindre les tubes. Il fallait deux personnes pour faire le travail, et l’une était toujours dans le champ de vision de l’autre. Il y avait souvent des pincements de doigts », explique le substitut du représentant à la santé et sécurité, Yan Bienvenue.
Des années de travail, plusieurs prototypes et environ un million de dollars plus tard, la fameuse machine jaune a vu le jour. Les travailleur.euse.s ne se blessent plus en faisant l’entretien des brûleurs et, en prime, l’entreprise y a trouvé son compte puisqu’une seule personne est maintenant nécessaire pour accomplir la tâche.
La bataille du racking
Vers la fin de la visite de l’usine de Rio Tinto Fer et Titane avec les représentant.e.s à la prévention, on débouche sur un immense entrepôt où sont empilés de gros sacs contenant le produit fini, ou presque. « Les sacs pèsent 5000 livres et parfois même plus. On a exigé que les sacs soient pesés précisément pour qu’on ne dépasse pas le poids prévu. Les palettes de bois sur lesquelles étaient déposés les sacs étaient arrondies par le poids. On a exigé des palettes en métal approuvées par un.e ingénieur.e. On a revu la capacité des étagères. Ça a été tout un litige. Je me suis choqué en réunion du CSS », explique le représentant à la santé et sécurité de la SL 7493, Cédric Joly, qui a abordé le sujet plusieurs fois en assemblée syndicale. Des caméras ont aussi été installées en haut des chariots élévateurs pour faciliter la manœuvre en hauteur.
De nombreux contaminants
Les travailleur.euse.s de l’usine des Poudres métalliques sont en contact avec plusieurs contaminants, comme le nickel, et exposé.e.s à des bruits importants. Dans certains secteurs, le port d’un masque à cartouche (P-100) est obligatoire, et un casque Versaflo (respirateur d’épuration d’air propulsé) est exigé pour les travailleurs portant la barbe. Une fois par année, une dosimétrie par secteur est effectuée pour mesurer la présence de contaminants dans l’air et le bruit. Pour certaines tâches, les travailleur.euse.s doivent se brancher à « l’air respirable » au moyen d’un tuyau. Dès qu’un.e travailleur. euse est exposé.e à une « bouffée » d’azote, une prise de sang est effectuée automatiquement. Tous les trois ans, des tests de surdité sont effectués.
Des chariots élévateurs plus sécuritaires
Lorsqu’ils sont en mouvement, les chariots élévateurs projettent une lumière bleue à l’avant et à l’arrière, et émettent un bruit en reculant. « Dès qu’un nouveau chariot élévateur entre dans l’usine, il passe au garage, où la vitesse est limitée à 8 km/h et où les lumières bleues sont installées », explique Yan Bienvenue, mécanicien et substitut du représentant à la santé et sécurité.
* Cet article est tiré du dernier numéro du magazine Le Métallo