Québec contourne ses propres lois

Montréal, le 19 février 2015 – Le gouvernement du Québec qui entend déposer un projet de loi pour contourner ses propres lois sur l’environnement, par crainte qu’un juge ne l’oblige à les appliquer. C’est à en y perdre la raison. Le Syndicat des Métallos trouve pour le moins curieux la volonté gouvernementale de déposer un projet de loi afin de que le projet de cimenterie de Port-Daniel en Gaspésie ne soit pas soumis à une évaluation du Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE).

« Est-ce qu’à chaque fois que des politiciens vont vouloir pousser un projet électoraliste, ils vont s’autoriser à adopter des lois spéciales? Cela suscite des questions sur la légitimité du processus. Le plus gros pollueur du Québec pourrait s’installer ainsi sans même que le BAPE ne soit appelé à analyser le dossier, c’est à n’y rien comprendre », a déploré le coordonnateur régional des Métallos pour la grande région de Montréal, Pierre Arseneau.Rappelons que le projet de cimenterie de Port-Daniel est controversé sous plusieurs aspects. D’abord il survient alors que l’industrie du ciment est aux prises avec une surcapacité de production. En effet les usines actuelles fonctionnent à seulement 60 % de leur capacité et on craint que l’arrivée de ce nouveau producteur mette en péril les emplois déjà existants. Autre problème : il s’agit du plus gros pollueur industriel, qui nécessiterait l’importation de 175 000 tonnes par année de coke de pétrole extrêmement polluant et produirait 1,75 million de tonnes de gaz à effet de serre par année, soit plus que toute autre industrie. La compagnie Ciment Lafarge poursuit actuellement le gouvernement pour l’obliger à assujettir le projet à une analyse du BAPE. Ce que Québec cherche à éviter par une loi spéciale. Le Syndicat des Métallos, affilié à la FTQ, est le plus important syndicat du secteur privé au Québec. Il regroupe plus de 60 000 travailleurs et travailleuses de tous les secteurs économiques.