Santé mentale: Y'a de la place pour des gens différents

Publié : 07/07/2017

Atteint de troubles bipolaires, Kevin Ste-Marie a bien failli perdre son emploi pour de bon en 2012, quand son employeur - Ciment Lafarge - l’a congédié parce que sa maladie l’empêchait alors de travailler de façon sécuritaire. Cinq ans plus tard, Kevin est revenu au travail cet hiver, grâce à l’intervention de son syndicat.
Embauché assez jeune chez Ciment Lafarge, Kevin était aux anges avec son nouvel emploi qui lui permettait dans la jeune vingtaine d’acheter une maison, lui qui était issu d’une famille peu nantie. Mais voilà, la bulle a éclaté peu de temps après quand les symptômes de sa bipolarité sont apparus. Il devenait dangereux pour lui-même et ses confrères lorsqu’il était aux commandes d’équipement de machinerie lourde.
Après quelques absences prolongées et des récidives, un psychiatre expert mandaté par l’employeur a déclaré qu’il avait une atteinte permanente l’empêchant de travailler chez Ciment Lafarge de façon définitive, alors que le professionnel qui traitait Kevin soutenait que ce dernier pouvait revenir au travail. Pour dénouer la situation, la section locale 6658 a fait appel à un tiers pour une nouvelle expertise, concluant qu’un retour serait envisageable d’ici cinq ans.
Le Syndicat a poursuivi la procédure de grief et une entente hors cour est survenue en 2014, menant à une réintégration en 2017 si Kevin prouvait entretemps qu’il n’avait pas rechuté.
« Nous sommes très contents de le voir revenir au travail maintenant. Ça montre qu’il y a de la place pour des gens comme lui dans nos milieux de travail. Ça prouve aussi que ça vaut la peine de faire des griefs pour défendre notre monde. Y’a de l’espoir pour des gens qui vivent avec des maladies mentales »,
explique le vice-président de la section locale 6658, François Cardinal.
Revenu de loin, Kevin est conscient que sans l’intervention du syndicat, il trairait encore des vaches avec un faible salaire. Il ressort de l’expérience plus solide. Heureux de retrouver le travail et de voir sa maladie reconnue au même titre qu’un cancer ou autre, il avoue avoir lui-même changé sa perception de la maladie mentale. « Avant de vivre une dépression, je pensais comme beaucoup de gens que ceux qui faisaient une dépression étaient des faibles. Maintenant je sais que personne n’est à l’abri d’une dépression. »
En conclusion, Kevin Ste-Marie a un message important pour tous ceux et celles qui vivent une dépression : « Ne lâchez jamais le morceau, on finit toujours par s’en sortir. Et le suicide n’est pas une option. C’est pas parce qu’on tombe qu’on n’est pas capable de se relever. »