L’agenda caché d’ABI à Bécancour

Se servir de la crise pour charcuter la convention collective

Publié : 10/04/2009

Bécancour, 10 avril 2009. L’annonce surprise faite en milieu d’après-midi hier par la direction d’ABI à Bécancour sans consultation du syndicat confirme qu’Alcoa a un agenda caché. « Nous avions accepté le rapport de la médiatrice qui répondait en tous points aux objectifs de la compagnie. Cette dernière a annoncé hier qu’elle voulait couper 275 postes, le tout agrémenté d’une menace de fermeture. La compagnie se sert de la crise pour réduire à néant toutes les avancées que nous avions réussi à développer. Nous assistons à la walmartisation des relations de travail chez ABI », a déclaré Clément Masse, président de la section locale 9700 du Syndicat des Métallos (FTQ).Le syndicat local est abasourdi de voir cette compagnie tout détruire en voulant procéder de façon unilatérale. En effet, le 4 mars dernier, l’employeur a exigé unilatéralement une réduction de 15 % des heures travaillées. Par la suite, toujours sans aucune consultation avec le syndicat, il a présenté un canevas de travail à ses trois usines au Québec. Le syndicat a demandé au ministère du travail la médiation. Cette démarche a été acceptée par la direction d’ABI. Un rapport a été déposé par une médiatrice. Le syndicat l’a accepté. La compagnie n’a jamais convoqué le syndicat avant de faire l’annonce des coupures. « L’attitude actuelle d’Alcoa tranche singulièrement avec les efforts et le climat de coopération que nous avions réussi à établir et les objectifs de réduction des heures travaillées que nous avions atteints conjointement. Nous demandons au gouvernement de faire appliquer la convention d’emploi qu’il a négociée avec Alcoa. Elle prévoit que 935 personnes doivent rester en emploi. C'est le temps de la faire appliquer car la crise frappe », a poursuivi le président syndical. Ce dernier a rappelé que la compagnie sauve près de 10 M $ par mois en coût d’énergie avec Hydro-Québec. « La coupure de 15 % demandée par la compagnie lui permet de sauver 1 M $ par mois, dit-il. Les programmes gouvernementaux financés à même nos impôts ne doivent pas permettre à une compagnie de passer à travers la crise sur le dos des travailleurs. Le gouvernement doit mettre ses culottes. Le règne de la mollesse politique a assez duré. Nous ne le laisserons pas être la marionnette d’une multinationale pendant que des travailleurs et leur famille vont souffrir du cynisme de cette même compagnie ». Le dirigeant syndical a indiqué que le syndicat local va se prévaloir de toutes les clauses de la convention collective pour aider les 275 travailleurs touchés par la position unilatérale et cruelle d’Alcoa. Il veut également vérifier la légalité du geste d’Alcoa. Rappelons que l'employeur avait affirmé qu’il respecterait les processus prévus aux conventions collectives lors des présentations vidéo dans les usines au sujet de la demande de réduction des heures travaillées. « Nous croyons que l’employeur a contrevenu aux conventions collectives qui prévoient que le seul agent négociateur est le syndicat », a conclu Clément Masse. L’aluminerie ABI, située à Bécancour, produit de l’aluminium depuis 1986. Elle emploie actuellement environ 1 000 travailleurs et travailleuses. Ces derniers se préparent à renouveler leur convention collective de travail qui vient à échéance en novembre. La période légale de négociation prévue pour l’unité Bureau/Technique est le 1er avril 2009. (30) Pour information : Clément Masse, Syndicat des Métallos (FTQ), section locale 9700, (819) 370-7392