Une vaste coalition dénonce l’échec annoncé de la réforme du régime forestier

Publié : 25/04/2025

Québec, le 25 avril 2025 – Une vaste coalition rassemblant un large éventail d’acteurs de la forêt — groupes environnementaux, organisations syndicales représentant les travailleurs de la filière forestière québécoise, gestionnaires de zecs et de pourvoiries — condamne le projet de loi no 97 déposé par la ministre des Ressources naturelles et des Forêts. Les organisations parlent d’une même voix pour dénoncer l’échec annoncé de la réforme du régime forestier si ce projet de loi, longuement attendu, n’est pas revu en profondeur, puisqu’il ne répond ni aux enjeux actuels, ni aux défis à venir.

Des reculs environnementaux et sociaux

Les organisations dénoncent d’importants reculs environnementaux et sociaux, notamment la concentration du pouvoir décisionnel vers le Forestier en chef et les aménagistes forestiers régionaux, un zonage qui cède minimalement 30 % du territoire forestier public à l’industrie, l’abolition des Tables de gestion intégrée des ressources et du territoire, l’affaiblissement de la définition de l’aménagement écosystémique et un flou dans le mécanisme de consultation du public et des acteurs du milieu.

La coalition demande à la ministre une réelle modernisation du régime forestier qui assure une foresterie véritablement durable et inclusive au Québec. Cette réforme doit être impérativement couplée à une nouvelle stratégie de développement industriel et de transition juste, qui permettront ensemble de diminuer les pressions sur les écosystèmes et les espèces, d’apaiser les conflits avec les autres usagers de la forêt, de répondre aux menaces tarifaires, d’assurer la pérennité des emplois et d’adapter les forêts à la crise climatique.

Absence de véritable dialogue social

Les organisations dénoncent aussi un processus opaque ayant mené à la rédaction de ce projet de loi et l’absence d’un véritable dialogue social sur cette importante réforme. Les propositions qui s’y retrouvent n’ont pas fait l’objet d’une consultation de la société civile en bonne et due forme, outre durant des rencontres à huis-clos liées à des ententes de confidentialité.

Sommet sur la forêt le 20 mai prochain : mobilisation pour une vision commune du régime forestier

Les organisations estiment que le secteur de la forêt n’a pas besoin d’une réforme polarisante, mais d’un dialogue inclusif pour trouver des solutions durables. C’est pourquoi les organisations syndicales représentant les travailleurs de la filière forestière québécoise organisent le Sommet sur la forêt, qui se tiendra le 20 mai prochain à Saguenay. Cet événement rassemblera une diversité d’acteurs du milieu forestier désireux de contribuer à l’avancement d’une foresterie durable et équitable, en explorant des alternatives aux enjeux actuels et en abordant de manière concrète la question de la transition juste du secteur forestier. Les organisations demandent à la ministre de modifier son projet de loi à la suite des discussions et des propositions qui émaneront de ce sommet.


Citations

«Qu’on assure un approvisionnement stable aux entreprises, c’est légitime. Mais le faire sans dialogue réel, sans diversification, sans créer davantage de transformation ici même au Québec, c’est rater une occasion historique. La ministre prétend parler en notre nom, il faudrait qu’elle commence par nous écouter. On ne bâtira pas une foresterie durable en sacrifiant la voix de ceux et celles qui en vivent »Nicolas Lapierre, directeur adjoint, Syndicat des Métallos.

« La réforme proposée ne permettra pas de résoudre la crise économique, sociale et environnementale en forêt. Si le projet de loi 97 n’est pas modifié, cette réforme va attiser la contestation et les tensions sociales, fragiliser davantage les écosystèmes forestiers, rendre nos forêts plus vulnérables aux changements climatiques, nuire à la prévisibilité et précariser les travailleurs, les travailleuses et les communautés qui dépendent d’une forêt en bonne santé »Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec.

« Dans sa forme actuelle, le projet de loi visant à moderniser le régime forestier est un rendez-vous raté avec la protection du territoire, des écosystèmes et des espèces. C’est le fruit d’un ministère état dans l’état qui impose sa vision industrielle étroite sans véritable égard aux autres missions gouvernementales et autres usagers. Ce nouveau régime contient tous les ingrédients pour nuire à l’acceptabilité sociale, à la pérennité des emplois et à la protection d’une ressource collective chère aux Québécois, notre forêt publique »Alain Branchaud, directeur général à la SNAP Québec.